La charte du CERDI
QUAND NOUS DISONS « DIALOGUE INTERRELIGIEUX »...
... nous disons essentiellement le partage entre des personnes, diversement croyantes, ou en questionnement, qui parlent avec confiance, les unes devant les autres, de leur tradition, de leurs croyances, de leur foi, de leurs pratiques religieuses. Cela concerne aussi les manières de vivre dans le monde qui en découlent, aujourd'hui comme hier, à travers bien des évolutions historiques qu'on pourra s'efforcer d'apprécier de façon critique et ouverte.
On peut considérer que la volonté interreligieuse s’exprime à travers la défense commune de causes humanitaires et de valeurs fondamentales, à travers des colloques d’experts comparant les diverses religions, à travers tel ou tel pouvoir politique soucieux de la paix et de la qualité des échanges interethniques et interreligieux...
Mais cette volonté est portée avant tout par une démarche d’ouverture à la différence de l’autre, sachant que le dialogue interreligieux se construit d’abord sur la volonté de reconnaître les différences, de les présenter et de les assumer, s’exposant alors aux questions, aux critiques et aux contestations mutuelles. Cela implique une vraie volonté, pour chaque croyant, d’approfondir ou de (re)-découvrir sa propre tradition, pour permettre vraiment l’échange avec les autres.
Le dialogue invite à une réelle liberté, faite d’humilité (pour chercher à comprendre des convictions qui ne ressemblent pas tout à fait aux miennes), et faite aussi d'une réelle capacité de se rendre compte ensemble de certaines différences irréductibles. Cette démarche, à la manière d’un chemin parcouru ensemble, laisse donc voir en permanence ce qu'il y a de proximité et de distances entre nous.
Le dialogue interreligieux s’expérimente par l’attitude profonde dans la relation avec l’autre, dans ce partage avec lui, où le sens de la vie, l’avenir de la société et la vérité se cherchent dans une longue itinérance commune. C’est ce lent processus qui permet de tirer profit de l’Histoire, des cheminements passés, des blessures occasionnées, voire des persécutions, et d’initier, si besoin est, des démarches de réconciliation.
En fait le plus urgent, au delà des volontés trop rapides de consensus de surface, pourrait être tout simplement, d’affirmer notre conviction que le dialogue entre les personnes et entre les peuples est « indispensable » pour travailler à la paix.
DIALOGUE INTERRELIGIEUX ET DIALOGUE INTERCULTUREL
On ne peut ignorer que la géographie religieuse se trouve dépendante des dimensions culturelles et sociales. Ces dernières décennies, certains événements à l’échelle mondiale (effondrement du mur de Berlin, attentats du 11 Septembre, grandes migrations) ont poussé les partis politiques et les médias à redécouvrir la dimension politique et sociale des religions, entraînant par là même un intérêt nouveau, chez beaucoup, pour le dialogue interreligieux.
Pour autant, même si les interactions sont grandes entre eux, même si l’on peut analyser leurs influences réciproques, le dialogue interreligieux et le dialogue interculturel ne coïncident pas exactement et ne devraient jamais être totalement confondus.
Vouloir confondre ces deux lieux d’expérience du dialogue semblerait certes plus simple, en concentrant les efforts sur un seul but, le dialogue interculturel englobant alors le dialogue interreligieux.
Une chose est de dialoguer sur des positions théologiques diverses entre religions, autre chose est de le faire, sous des aspects juridiques et politiques, face à des problèmes comme l’éducation, la paix, la mondialisation ou encore l’écologie. Certes, le dialogue interreligieux concerne chacun de ces problèmes, puisqu’il n’existe pas de religion qui ne soit confrontée à la réalité humaine; mais les religions considèrent toujours cette réalité dans son rapport spécifique au divin.
De plus, la forme la plus achevée du dialogue interreligieux est la rencontre spirituelle entre croyants ou entre communautés et, à ce niveau, elle ne peut être confondue avec celle du dialogue interculturel.
Le mode d’approche et la finalité poursuivie ne sont donc pas identiques entre dialogue interculturel et dialogue interreligieux. Ce dernier, s’il intéresse beaucoup de personnes – les religions traversant les plans mondial, européen, national, régional ou local – connaîtra un tour différent selon qu’il sera mené par des responsables religieux, des scientifiques, des politiciens, ou de simples croyants...
L’ORIENTATION
Le CERDI a fait le choix du dialogue interreligieux. Cela ne signifie pas qu’il soit fermé au dialogue interculturel ou au dialogue avec ceux qui ne se réclament pas d’une religion donnée. Le CERDI est en effet prêt à répondre aux demandes associatives ou à celles des responsables politiques, si sa présence peut contribuer à un « mieux vivre ensemble » et à la paix entre les hommes. Mais son objectif premier est clair : « promouvoir le dialogue et les rencontres entre les religions. » De ce fait, il se réserve le droit de ne pas maintenir en son sein toute personne ou tout groupe qui y manifesterait une volonté de propagande ou de prosélytisme, niant par là même la dimension du dialogue recherché.
Parce que la vérité nous échappe et qu’elle n’est pas une propriété qui serait entre les mains de quelques uns, nous voulons nous engager ensemble à la recherche de cette vérité. Une appartenance religieuse n’enferme en rien dans une forteresse. A l’inverse, la rencontre entre les religions ne menace pas l’identité du croyant. Quant à la société dans son ensemble, elle ne peut que tirer bénéfice d’un tel souci de dialogue, favorisant la cohésion sociale et les efforts pour mieux vivre ensemble dans la cité.
Le CERDI désire donc travailler à une meilleure compréhension mutuelle, en participant à sa mesure au combat contre les ignorances mortifères qui traversent chacune des religions (et des idéologies qui les contestent). Nous cherchons en effet ensemble des réponses à nos questions existentielles, même si les réponses que nous formulons peuvent être très éloignées les unes des autres. Nous faisons ainsi de nos diversités une richesse tendue vers le même but de fraternité.
Nous considérons qu’aucune religion, aucune idéologie, aucune discipline ne détient, à elle seule, la vérité absolue. Toutes sont respectables comme telles. Nous pensons que chacune peut favoriser une manière d’être et de vivre ensemble dans un cadre social et culturel commun. Même si les acteurs sociaux peuvent se dire parfois sans Dieu, ils ne peuvent aujourd’hui faire comme si les religions n’existaient pas. De leur côté, les religions ne peuvent exprimer quoi que ce soit sans en mesurer les conséquences sur la réalité citoyenne et sociale dans laquelle elles vivent. En ce sens, le CERDI est heureux d’accueillir toute personne en recherche de sens.
Par le dialogue interreligieux qui est au cœur de son projet, et qui renvoie à ce qui fait spirituellement vivre nombre de nos concitoyens, le CERDI peut donc participer, au
développement d’une manière de vivre ensemble construite sur le partage et l’écoute de l’autre, ceci au niveau qui est le sien, à Angers et dans le département.
Cette Charte a été adoptée à l’unanimité des membres du CERDI, présents ou représentés, à l’Assemblée Générale du 21 janvier 2009.
Charte 2019-2020.pdf |